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« MM. Kolsky et Muzsynski : Les Billets de la Banque de l'Indochine pp. 308-310

« Le pourcentage de la valeur des billets en piastres émis par l’Institut dans chacun des Etats est le suivant :

« Cambodge 20%, Laos 10%, Viet-nam 70%

« A la date du 31 décembre 1954, le nombre des billets émis par l’Institut s’élève à :

   Bien-sûr, ces pointages, reflet d’informations glanées sur internet, n’ont qu’une valeur indicative. Un statisticien pourrait évaluer la représentativité des échantillons observés, et, partant la validité de nos remarques.

   On observe que le nombre de billets recensés par pays ne reflète pas le pourcentage officiel de répartition des émissions. La sur-représentation du Cambodge et du Laos pourrait s’expliquer par les destructions répétées subies par le Vietnam durant les guerres française, puis américaine.

• Dans le cas de la coupure de 100 piastres, les numéros des billets recensés sont cohérents avec les numéros d’alphabets, mais on ne recense que les 14 premiers alphabets sur les 125 émis. N’est-il pas surprenant que plus de 100 alphabets soient introuvables ? Ceci représenterait une valeur de plus de 27 milliards de piastres.

• Pour le 200 piastres, aussi, les numéros des billets recensés sont cohérents avec les numéros d’alphabets. Mais le constat est inverse : comment interpréter la présence de l’alphabet 1167, alors que seuls 592 alphabets ont été émis ? Au moins 575 alphabets supplémentaires auraient été émis, pour une valeur de 2,875 milliards de piastres. Faut-il supposer que certains alphabets seraient incomplets, et/ou que d’autres n’auraient pas été émis ?

   Au cours officiel de 10 francs pour une piastre, les montants évoqués plus haut sont très conséquents pour l’époque : 25 milliards de piastres représentaient 250 milliards de francs.

   Les chiffres cités par MM. Kolsky et Muszynski sont officiels, ils émanent d’une lettre du 26 mars 1955 de Gaston Cusin, administrateur français de l’Institut, au Président de la République.

   Alors, y aurait-il des chiffres officieux ? Mais dans quel but travestir la réalité financière ? On imagine bien que Gaston Cusin, haut-fonctionnaire des Finances, ne pouvait envisager une présentation fallacieuse de bilan. Et les experts de l’Inspection des Finances, comme de la Cour des Comptes, n’auraient pas manqué de mettre en lumière des anomalies comptables. Ma maigre compétence en finances publiques ne me permet pas d’entrevoir les instances qui auraient pu tirer parti de ces éventuelles manipulations de chiffres, ni à quelles fins. La politique chaotique de la France en Indochine pendant cette courte période qui a vu la défaite de Dien Bien Phu, peut-elle expliquer ces péripéties des émissions monétaires en piastres ?

   Un pointage plus complet ferait apparaître plus de données, mais seules les archives de l’Institut seraient en mesure d’apporter des éléments objectifs expliquant les anomalies constatées ici. Une connaissance détaillée des dates et volumes d’émissions successifs apporterait des éclaircissements intéressants.